L’approche domiciliaire des EHPAD est aussi un enjeu d’attractivité des personnels | HOSPIMEDIA

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Dans un article publié le 26 septembre 2025, Hospimedia met en lumière notre vision et notre engagement : faire évoluer les EHPAD vers une véritable approche domiciliaire. Une transformation qui replace les résidents au cœur du projet de vie, tout en redonnant du sens et de l’attractivité au travail des équipes. Découvrez l’article

Plutôt que de fermer les Ehpad et de laisser les personnes âgées seules à domicile, l’AD-PA, la Fnaqpa et le cabinet conseil Gerontim proposent une approche domiciliaire. Transformer ces lieux de soins en un lieu de vie est un enjeu d’attractivité pour les résidents mais aussi pour les personnels en redonnant du sens à leur travail.

Au début des années 2020, l’approche domiciliaire, encouragée par la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie, s’entendait comme une transformation des Ehpad pour en faire de véritables lieux de vie, l’objectif étant de basculer progressivement d’un fonctionnement collectif très sanitarisé à un fonctionnement plus individualisé et plus adapté à accueillir la génération du baby-boom. Depuis, le scandale Orpéa est passé par là et les politiques publiques ont engagé le virage domiciliaire qui ne raisonne plus en transformation des Ehpad mais en maintien des personnes âgées dépendantes à leur propre domicile.

« Je dirige aujourd’hui des services à domicile et je suis effaré de voir dans quel isolement les personnes âgées vivent à domicile. S’il n’y a pas des aidants ou plutôt des aidantes pour les accompagner, elles ne sortent plus de chez elles. C’est la même logique qui prévaut dans nos Ehpad qui sont devenus hyper-sanitaires, hyper-sécuritaires. Notre société ne veut plus voir les vieux vieillissants qui nous renvoient l’image de la mort. Alors forcément la maison de retraite devient un problème dans une société âgiste », explique Pascal Champvert, vice-président de l’Association des directeurs au service des personnes âgées en ouverture du salon Age 3 à Lille le 25 septembre.

Repenser la chambre comme un domicile

Vivre pleinement sa vie c’est retrouver le pouvoir d’agir, se lever à l’heure que l’on veut, manger ce dont on a envie, aller où on veut. « Si vous ne réfléchissez plus en termes de chambre mais de domicile, il n’y a plus de question à se poser pour savoir si la personne a le droit d’amener son animal, son frigo, de se lever à 10 heures ou se coucher à 2 heures du matin. Et si elle se lève à 11 heures et qu’elle a sauté le petit-déjeuner, est-ce que c’est vraiment grave ? Elle a tous ces droits puisqu’elle est chez elle », précise Pascale Champvert.

Un avis partagé par Didier Sapy, directeur général de la Fédération nationale avenir et qualité de vie des personnes âgées. « Il faut changer de paradigme, arrêter de placer la qualité du soin comme un objectif et qu’on la replace pour ce qu’elle est, à savoir un moyen au service de la qualité de vie », explique-t-il. Et ce sont les résidents heureux qui feront les salariés heureux. Pour lui le sésame de l’attractivité ne se retrouvera pas dans des compagnes de communication mais dans le sentiment de pouvoir bien faire son travail.  » Ce critère-là multiplie par six la fidélisation des professionnels quand le sentiment d’être bien payé ne le multiplie que par deux et la conciliation vie professionnelle-vie personnelle par trois. L’attractivité pour nos personnels est étroitement liée à l’attractivité qu’ont nos établissements pour leurs habitants et leurs futurs habitants », ajoute-t-il.

Travailler les espaces pour humaniser les Ehpad

Parler d’habitant plutôt que de résident est l’un des credo de Didier Cornilliat, architecte et conseiller du cabinet Gerontim. « Il faut passer d’un lieu de soins où l’on essaie de vivre à un lieu de vie où l’on soigne », commente-t-il. Il rappelle que les Ehpad se sont calqués sur l’architecture hospitalière, « un non-sens absolu » pour celui qui veut retrouver de la poésie et de la subjectivité dans le bâti. Il conseille d’oublier les chambres standardisées de 20 m2 — « des espaces rationnels de survie » — pour des appartements aux formes et aux tailles diverses, de raisonner en termes de quartiers plutôt que d’unités et de prévoir des espaces pour la vie sociale comme des places de village le plus largement ouvertes sur la cité.

Et de citer les tiers-lieux, les restaurants, les bistrots, les salles de spectacles, les bibliothèques, les agences postales, les crèches, les espaces professionnels loués (coiffure, couture, kinésithérapie, atelier d’art…) qui permettent de brasser le public interne et des clients externes. Il évoque encore les parcs des Ehpad qui peuvent devenir des lieux de loisirs et des espaces traversants pour les autres habitants du quartier. La question de la circulation au sein de l’établissement est aussi importante mais elle ne doit pas se réduire à celle des fauteuils roulants. « Il faut réfléchir à la signalétique visuelle, olfactive, tactile, pour aider les habitants à se repérer, penser à la lourdeur des portes des poignées… L’apport d’un ergonome dans un projet de construction ou de rénovation est vraiment un plus. Le confort des habitants aura un impact direct sur celui du personnel », ajoute-t-il.

« Si les professionnels qui travaillent pour les personnes âgées ne sont pas très aimés, c’est parce que les personnes âgées ne sont pas aimées. Assumez-le et vivez-le plus plutôt comme une forme d’engagement démocratique, voire pour ceux qui y croient, de militantisme, et faites en sorte qu’en attendant que la mort arrive, les personnes que vous accompagnez vivent pleinement, peut-être avec des handicaps mais qu’ils vivent pleinement leur vie », enjoint Pascal Champvert à l’assistance professionnelle.

Emmanuelle DELEPLACE, Journaliste et rédactrice chez HOSPIMEDIA 

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